Pourquoi ce jumelage avec la municipalité de Farébersviller ?
Un rappel de l’histoire :
« Située à quelques kilomètres derrière la frontière, la Ligne Maginot condamnait de nombreuses localités mosellanes à l’évacuation en cas de conflit avec l’Allemagne.
Le 1er septembre 1939, au moment où Hitler lançait la Wehrmacht sur la Pologne, une circulaire préfectorale intimait aux populations de toutes ces communes frontalières d’abandonner la terre de leurs aïeux. Un ordre sec, sans appel ni discussion ! « Départ immédiat avec 20 kg de bagages, des vivres pour 4 jours ! » Adieu, veaux, vaches, cochons, couvées. On partit à pied, en vélo, en charrette, user les semelles sur les routes pierreuses en laissant les voies stratégiques aux militaires. Haltes passées à la belle étoile, gîtes pouilleux, ravitaillement aléatoire, désorganisation et pagaille administratives s’enchaînèrent avant l’embarquement vers l’Inconnu.
La fumée des locomotives entraînant les wagons à bestiaux de nos apatrides vers l’Intérieur cacha bien des larmes durant les arrêts fastidieux.
Arrivés fatigués, démoralisés sur le sol charentais, les gens de Farébersviller présentaient l’apparence de vagabonds sales et usés à leur arrivée à Bonnes qui fit néanmoins bon accueil à ces touristes forcés. Hébergement aussi bon que l’on puisse faire à des compatriotes dont les us et coutumes interpellaient. L’arrivée quasi inopinée de centaines de personnes (au patois germain ressemblant diablement à celui parlé par l’ennemi teuton !) nécessita l’improvisation, l’arbitrage, le compromis des édiles Bonnois. Mais hier comme aujourd’hui, chacun y mit du sien pour se tolérer, s’apprivoiser, s’intégrer.
Pour les évacués, ce fut l’occasion durant une année de mesurer le degré de dévouement et d’hospitalité dispensé par la population d’accueil. Lorsque le rapatriement vint à l’ordre du jour fin septembre 1940, la question du retour se transforma en dilemme. Heureux furent ceux qui y firent souche ! Mais pour la grande majorité qui revint de l’Exode, Dieu ! que le fardeau fut lourd à porter avec l’annexion forcée, la germanisation, l’incorporation de force, la déportation et la bataille de la Libération !
Tous les Alsaciens-Mosellans doivent rentrer suite aux clauses de l’Armistice.
Le départ de Bonnes a lieu le 2 octobre 1940. Embarqués cette fois dans des wagons voyageurs, ils sont accueillis avec faste, aux gares de tri, par le vainqueur : les poupons sont baignés, nourris au biberon ; de charmants soldats aident les vieilles dames à descendre à quai où des repas les attendent. Le Reich se veut prévenant et généreux
Tout est fait pour séduire ! Mais c’est la mort dans l’âme que les Farébersvillois retrouvent leur village en ruines. Le bombardement de mai 40 a dévasté la localité : triste spectacle que de découvrir sa maison démolie, éventrée, sans toits, ni portes, ni fenêtres, ni meubles ! Devant l’amas de décombres, il faut recommencer à zéro et s’entraider pour pouvoir s’abriter.
Face au désastre, l’Allemand généreux est à nouveau là pour recoller les morceaux, leur distribuer lainages, nourriture, semences, leur procurer du bétail pour reconstituer le cheptel. Et puis, à côté de ces contrariétés matérielles, surgit une amère désillusion qui porte d’emblée atteinte au moral des villageois : à peine arrivés, ils sont obligés de signer un papier par lequel ils reconnaissent qu’ils sont Volksdeutschen, c’est-à-dire citoyens allemands »
Le 10 septembre 1939 La municipalité de Bonnes fut la commune d’adoption de 559 Farébersvillois déracinés, le 22 septembre 1994 elle devint commune de jumelage.